Deux livres anciens au milieu d'un chemin pavé
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Vade Retro Bouquinus : l’enfer, c’est les livres

Quand on entend ce qu’on entend, et qu’on voit ce qu’on voit, on a raison de penser ce qu’on pense ! J’irais même plus loin, quand on lit ce qu’on lit et que ça nous fait saigner les yeux, on a raison de se dire que les jeunes générations auraient un net bénéfice à se remettre à la lecture. Mais pour eux, l’enfer, c’est les livres.

Parole de vielle conne réac ? C’est ce que d’aucuns prépubères diront, mais me liront-ils de toute façon ? L’effort que cela demande est trop grand. A l’ère de la micro-concentration, l’image est impératrice, 30 secondes et l’on passe à la suite. Facile, consommable, sans effort requis, divertis jusqu’au trop plein, sans réflexion, sans imagination non plus car l’image donne déjà tout, un monde intérieur appauvri. Formons-nous des générations qui sont en quelques décennies en train de faire le chemin inverse de toute civilisation ? Le livre était source de toute connaissance, la capacité à lire une forme de pouvoir. Il est évident qu’aujourd’hui l’information est plus immédiatement trouvée en ligne que d’aller la chercher dans un livre, là n’est pas la question, mais il faut redonner le plaisir et l’envie de faire de la lecture un loisir-plaisir car c’est tout ce qu’elle peut représenter, noyée qu’elle est dans un monde numérique.

La tâche est ardue car les choix de lecture des programmes éducatifs sont parfois discutables, en décalage complet au niveau des thèmes, des idées, de la langue utilisée, comment l’institution peut-elle leur faire découvrir le plaisir de suivre une histoire ?

L’effet le plus visible est un effet de surface, la génération « sa va » pour laquelle l’accent est inconnu au bataillon, la conjugaison une hérésie, l’orthographe complètement fantaisiste et les structures pleines d’horreurs grammaticales et d’approximations désespérantes. Comment une société tout image peut-elle maintenir un niveau de langue, d’écriture, de structure dans les têtes de nos enfants et de la population en général si les gens ne lisent plus ?

Car au-delà de l’effet de surface, l’on constate avec effarement l’incapacité de beaucoup de plus jeunes à structurer un écrit, voire leur propre pensée, car ils n’ont jamais eu sous les yeux de façon intensive de modèle structuré. Un livre, c’est une structure pensée, réfléchie, travaillée, en parties, chapitres, en paragraphes, en phrases. Les mots et tournures sont choisis pour exprimer une pensée construite, l’orthographe respectée, les structures grammaticales aussi. Seule la lecture permet de toucher cela du doigt.

Il ne s’agit pas d’opposer le numérique, les vidéos à la lecture car cela n’aurait pas de sens, mais le constat est celui-ci, rien ne remplace la lecture et ses bienfaits, peu importe la quantité d’information que l’on saura aller chercher sur la toile, si on ne sait pas quoi en faire, on se retrouve avec un grand sac fourre-tout à la Mary Poppins, sauf que maintenant quand on y plonge la main, ce que l’on en sort n’est pas adapté.

Céline-ment vôtre

Découvrez aussi le billet d’humeur : les blogs sont morts !

Pour aller plus loin, vous pouvez aussi consulter l’article du Ministère de la Culture sur la lecture en perte de vitesse chez les jeunes.

Crédit photo : Taylor Wright


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