Julie, trentenaire passionnée et engagée
Chaque mois, notre série de portraits « Des Femmes Comme Nous » met en lumière des histoires inspirantes à travers des interviews exclusives. Aujourd’hui, nous plongeons dans la vie de Julie, une trentenaire passionnée et engagée, vivant au Québec.
Je m’appelle Julie, je suis une trentenaire qui habite au Québec. Depuis plusieurs années, je suis travailleuse autonome dans le milieu créatif. Mon rythme de vie est assez tranquille et tourne autour de valeurs sociales, écologiques et éco-responsables. J’adore les jeux de société, les amis, faire la fête et même si en ce moment je ne peux pas picoler, je continue à faire la fête. Je suis bientôt maman, ça fait bizarre de le dire.
Je veux être en accord avec moi-même
Pour moi, une quête est inatteignable. C’est la recherche ultime de l’apaisement, du bonheur et du mieux-être. Je me fixe plutôt des objectifs, je veux être en accord avec moi-même et les valeurs qui m’allument : l’écologie et le social. Beaucoup disent ce qu’il faut faire mais ne le font pas. J’ai bondi quand j’ai vu que Charles III a pris l’avion pour faire Paris-Marseille et se dit écolo. Il aurait pu privatiser un train ou autre, surtout qu’il a les moyens. Ça, c’est pour toi Charles ! (rires)
Je veux pouvoir regarder ma vie, sans regrets et me dire que ce que j’ai fait a du sens. Personne n’est parfait, on fait tous des conneries. C’est pour ça que je me challenge constamment, j’essaie de mettre un sens à chaque acte que je pose. J’ai commencé par changer mes habitudes : acheter du vrac et m’orienter vers le zéro déchet. Le déclic ? Les cotons-tiges : on en fout partout, ca ne se recycle pas, ça finit dans le nez des tortues et c’est pas cool pour les tortues. Ca fait 5 ans que j’ai le même bidon de lessive, 4 ans que je n’utilise plus de sopalin. La première semaine, c’est contraignant mais après tout roule. Par exemple, j’ai mis beaucoup de temps à utiliser les cups menstruelles mais je ne reviendrai pas en arrière. C’est pratique, économique et hygiénique même si ça n’intéresse pas les grands industriels.
Quand t’es en couple, c’est pas toujours facile. Tu respectes l’autre, tu baisses tes critères tout en lui demandant de faire des efforts. Parfois on se prend la tête mais on a trouvé notre équilibre. Puis moi, je le challenge avec les sous, quand on fait des économies c’est motive davantage ! (rires)
Partir est la meilleure décision que j’ai prise
La meilleure décision que j’ai prise c’est partir. Partir vivre à Bordeaux puis au Canada. La première fois, je suis partie à Bordeaux pour mes études. J’avais peur de ne pas me refaire d’amis, de ne pas retrouver la même complicité, peur de ne pas m’éclater autant. J’ai toujours eu du mal à dire au revoir. Finalement, j’ai trouvé aussi bien si ce n’est mieux.
A l’époque, j’avais un état d’esprit différent, celui qu’on m’a inculqué dans la philosophie de vie occidentale : faire des études puis ensuite exercer le même métier toute sa vie. C’est ce que j’ai fait : j’ai trouvé un métier que je pensais faire toute ma vie ainsi qu’un cdi. J’avais postulé chez Cap Science (Centre de Culture Scientifique, Technique & Industrielle) mais je n’ai pas été prise : c’est l’une des meilleures choses qui me soit arrivée. Grâce à ça, j’ai décidé de partir au Canada. Ça n’a pas été facile car j’ai eu des moments de galères, je suis partie seule et je venais de rompre. Mais ça m’a permis de sortir de ma zone de confort et construire une vie qui me plait.
Depuis que je vis à Montréal j’ai une autre vision des choses. J’ai construit une carrière professionnelle qui me correspond. Je souffre encore des relations sociales ici car c’est différent et certains de mes amis sont partis. Même si tu rencontres des français, l’hiver n’est pas facile et Montréal, c’est grand. Puis on prend de l’âge, bientôt 36 ans, avec les habitudes de vie, les bébés, les machins… c’est devenu plus compliqué de voir les gens et de se faire des amis. Toutefois, dernièrement j’ai fait de belles rencontres, ça m’a redonné confiance.
Mon rêve était de vivre de ma passion
Mon rêve initial était de vivre de quelque chose qui me plaisait et de travailler pour des musées. Ce que j’ai fait, mais avec le temps je me suis rendu compte que même si c’est un métier passion, qu’il y a un équilibre vie personnelle et professionnelle, que les horaires sont convenables, ce n’est pas un endroit qui m’a vraiment permis de m’épanouir. On fait les choses correctement, dans l’ordre et on est limité par l’administratif. D’ailleurs, je connais des gens qui on travaillé pour des « entreprises de rêve », comme Ubisoft etc, ça fait génial sur le cv mais c’est super chiant de travailler avec eux en terme de ressources humaines, du coup, ils sont tous partis.
Avec le recul, j’ai de plus en plus de mal avec le mot « rêve » car pour moi c’est quelque chose d’impossible. Or, plus j’avance dans la vie, plus je me rends compte que ce n’est pas le cas. On se met souvent des barrières, de fausses barrières. Dès lors qu’on comprend ça, plus rien n’est impossible.
Aujourd’hui, un truc qui me ferait kiffer c’est avoir un van et voyager pendant 6 mois à 1 an.
Je me dis que la vie est bien faite au fond
Au cours de ma vie, j’ai vécu de nombreuses galères. Mon père en fait partie, il a longtemps eu trop d’emprise sur moi. Ce n’était pas un père, les parents ne sont pas censés te mettre des bâtons dans les roues. Il m’a fallu du temps pour régler tout ça mais c’était nécessaire. L’amour implique autrui, tant que t’as pas guéri c’est compliqué de construire avec l’autre et d’avoir une relation stable.
J’ai participé à une retraite spirituelle en Inde. Là-bas, j’ai compris que c’était la fin d’un cycle et qu’un nouveau commençait. J’ai pris du temps pour penser à moi, pour me réconcilier avec moi-même et m’apaiser. Je me dis que la vie est bien faite au fond : tout arrive au bon moment. Parfois t’as envie que ca arrive plus vite et les enjeux sont élevés. Pendant des années, j’ai voulu me mettre en couple du fait de la pression sociale : si t’es pas en couple, tu vas être malheureuse. En réalité c’est faux, on est obligé à rien.
J’ai toujours rêvé d’avoir plein d’enfants sauf que l’écologie et les enjeux sociaux m’ont fait réfléchir. Il y a quelques années, je pensais adopter mais je suis revenue sur ma décision. Par contre, j’aimerais qu’on ait un deuxième enfant et l’adoption est une possibilité. Dernièrement on a fait des cours sur la coparentalité, ça m’a remué. J’ai pensé aux valeurs que je souhaite transmettre à notre enfant. C’est pour ça que je me suis inscrite à l’atelier « la matrescence » qui apprend comment passer du statut de femme à mère. Récemment, j’ai lu un livre sur l’accouchement qui a démystifié mes croyances : “La naissance : découvrez vos super pouvoirs” de Lucile Gomez. Dès qu’elle sera là, ça ne sera plus moi la priorité, j’en suis consciente.
Avoir confiance en soi
Si je devais rencontrer l’adolescente que j’étais, je lui dirai : « aies confiance en toi ! »
Plus jeune, j’avais une image de moi très négative : je doutais de moi, de mon physique, de qui j’étais. J’essayais de me conformer aux attentes de mon entourage. À l’école ma professeure de philosophie m’a dit que j’aurai dû partir en BEP (Brevet d’études professionnelles) mais j’ai toujours voulu travailler dans l’art, sans être artiste, alors j’ai poursuivi mes études. J’ai obtenu mon BTS puis j’ai fait une licence professionnelle « design, communication et projets ». Ça ne veut strictement rien dire mais bon (rires), on t’apprend à réfléchir à l’usage de ce que tu conçois.
Aujourd’hui, j’exerce un métier que j’aime, je suis à mon compte, je travaille avec des clients que j’ai choisis et je suis épanouis dans ma vie personnelle. Les gens qui me connaissent sont surpris quand je leur parle de l’adolescente que j’ai été. D’ailleurs, à ceux qui ont douté de moi, aux premiers de la classe, à ceux qui étaient populaires, j’ai envie de dire : « Regardez où j’en suis ! ». Je suis sûre que j’ai mieux réussi que certains. Ce n’est pas forcément le bon comportement à avoir, mais c’est une revanche. Ma plus grande fierté est de voir le chemin que j’ai parcouru et d’en être arrivé-là.
Au final, peu importe ce qu’on te dit, c’est toi qui sait ce qui est le mieux pour toi.
Crédit photo : Adam Neumann
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