Femme de dos en noir et blanc
Billets d'humeur

Summer body, suit and shame

67 % des femmes sont gênées d’être en maillot de bain à la plage selon une enquête exclusive réalisée en juin 2023 par l’IFOP pour Voyage avec nous.

Voir ce sondage me soulage, un peu. Je me sens moins seule, quand, à la plage, je regarde toutes les femmes pour faire un ratio belle / pas belle. Et voir où me caser dans l’affaire.

Mon tcheum, lui ne fait pas partie des 39 % des hommes qui se sentent mal à l’aise en maillot de bain. Quoique le taux aurait drastiquement augmenté si nous avions parlé du port du slip à la plage.

Je les vois les gravures de mode. Celles à la silhouette sportive, aux jambes fuselées, aux seins défiant toute gravité et aux triceps dessinés. Parce qu’une fois presque nue, c’est le corps qui captive, exposé aux critiques acerbes et regards pervers.

Mais je suis en quête d’autre chose. En quête de tétés qui tombent, de bourrelets, de gros mollets, de cuisses qui se touchent, de peau qui pendouille et de cellulite. Et ça me rassure. Oui, ça me rassure ! Et ça me permet de m’accepter que de voir au grand jour les défauts des autres tout en noyant les miens dans la masse. Ces complexes qui me font porter des jupes mi-mollet me paraissent enfin normaux. Et le cumul me fait relativiser. Que celui qui me regarde et me juge se dénonce où qu’il brûle au soleil jusqu’à l’apparition de cloques.

Et en même temps, ça me fait flipper. Justement parce que mon comportement est aussi à l’image de mes craintes. Est-ce que celui qui me regarde perçoit ces défauts que je ne saurais plus cacher, une fois grassement étalée sur la plage ? Varices et acné.

Puisque ma peau est telle celle d’Edward Cullen exposée en plein jour, je ne saurais me dérober à la vue de tous. Aurais-je failli à obtenir ce corps de rêve, bronzé, aminci et épilé qui m’autorise à jouir sans arrière-pensée des plages ensoleillées de l’été ? Le summer body n’est pas aboli. Est-ce que le body positif est établi ?

Je revois dans ma tête ces images parfaitement retouchées, qui même une fois qu’on le sait, nous font complexer. Celles des fesses rebondies et musclées, des hanches marquées, d’une peau sans plis et sans stries. J’aurais pu opter pour un maillot une pièce, mais il y a déjà tellement de couleurs différentes sur mon corps qu’on ne va pas insister. Je me lève et range tout ce qui dépasse, poignées d’amour, culotte de cheval.

J’assure ma démarche pour rejoindre les quelques mètres qui me séparent de la mer. Je fais un tour d’horizon à la recherche de quelques chuchotements ou rires étouffés. Pour vérifier qu’aucun téton ou bout de sein ne s’est échappé du maillot, et qu’aucun bout de tissu n’est resté coincé dans ma raie, bien que ces pratiques se soient démocratisées. Je rentre le ventre, tout ce qui est possible, et contracte le bas de mon corps à chaque pas. Je pense fort à Halle Berry dans James Bond. Sur ma serviette, je prends une pause délicate telle une sirène déposée gracieusement sur la plage. Saurais-je dissimuler ces quelques poils oubliés et révélés à la pureté des rayons du soleil ?

Découvrez l’article sur Sarah, une trentenaire en quête de sérénité qui s’est longtemps détestée.

Crédit photo : Annie Spratt


Reçois dans ta boîte mail

Les Prochains Articles Inspirants !

En savoir plus sur Billets d'humeur

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continue reading