Combiné de téléphone rouge sur fond bleu
Billets d'humeur

Relation nocive, c’est ça être accro ?

La première fois que l’ai vu, j’ai su que c’était lui. Il attendait quelqu’un pour le faire vivre, je cherchais celui qui me conviendrait : nous ne ferions plus qu’un. Il m’a montré ce que je voulais voir et plus encore, son univers était infini et j’avais soif d’apprendre. Nous allions dans la même direction jusqu’à ce qu’il me fasse dévier et me pousse sur le chemin qu’il avait construit de son côté. Je ne vivais plus pour moi alors je n’avais plus d’autre choix que de m’éloigner de lui. Relation nocive.

Aujourd’hui, je pense qu’il est toxique. Parfois je l’adule, parfois je l’exècre.

Il me met la pression, il veut communiquer sans cesse ; il est devenu à lui seul toute ma vie sociale. Il est habile avec son système de récompense, le meilleur moyen de me rendre accro. Ça me flatte, ça m’occupe, ça m’ennuie puis me nuit. Désillusion. Quand je lui pose des questions et qu’il répond à côté, je ne sais plus lequel de nous deux est cohérent. Il m’abreuve d’informations malgré ma nervosité. Impulsive, je réponds frénétiquement quand il ne me dégoûte pas. Il m’étouffe ; il est omniprésent. Je n’ai plus les idées claires. Et quand c’est le cas, j’en viendrais presque à m’inquiéter parce qu’il remplit l’espace que j’ai en trop avec moi-même. Puis je sais que si je pars, je reviens toujours.

J’ai l’impression d’être en cage, de trimbaler un boulet. J’ai souvent envie de sortir sans lui mais je l’emmène tout le temps. Il m’arrive de le perdre, volontairement. Quand j’ai un sursaut de confiance, je sors sans lui mais pas trop loin. Je me sens libre mais vulnérable. La liberté est effrayante quand on est seul avec soi-même. C’est mon super héros, quand j’en ai besoin, il est là. Enfin, c’est ce que je me dis. Il suffit que je pense à lui et je peux affronter le monde extérieur. Comment je faisais sans lui, avant ?

Maintenant, je me soigne. Je vais aux toilettes, seule. Ce genre de proximité peut briser une intimité.

Il fait remonter des souvenirs que j’avais enfouis et je les revis avec lui. J’ingurgite simultanément des choses inutiles, il me relie au monde sans que je le veuille vraiment et ça m’angoisse. Je vis dans les souvenirs : je ressens davantage ce qu’il me raconte que je ne savoure le présent. Je ne garde que le meilleur. Parfois le voile se lève, la réalité me heurte et je réalise que tout n’est qu’illusion. Sans lui, je vis, je me sens mieux. Ça ne devrait pas être l’inverse ? C’est parfois plus simple de vivre dans le déni que dans la confusion du présent.

Régulièrement, j’essaie de dormir sans lui, comme si je pouvais l’effacer de mon esprit, comme une application en arrière-plan, celle qu’on n’utilise pas mais qui prend trop de place. Mais la plupart du temps, on se couche ensemble parce que le matin, il me réveille. Je n’aime pas qu’il soit sur le lit. Lorsque je suis à bout, je lui dit de se taire et le laisse par terre. Par terre, c’est mieux, je dors mieux. Pourtant, la nuit, je ne sais pas ce qu’il se passe et la première chose que je fais le matin, c’est le regarder. Je lui demande de tout me raconter.

Ôtez-moi ce téléphone que je ne saurais voir !

Crédit photo : Miryam Leon

Pour aller plus loin, consultez l’article du Journal des femmes sur le phubbing.


Reçois dans ta boîte mail

Les Prochains Articles Inspirants !

4 Comments

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

En savoir plus sur Billets d'humeur

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continue reading