Pages de livre froissées
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Projets, doutes et rêveries : un voyage chaotique…

Oscillant entre le sommeil, la lassitude et l’ennui, un après-midi de jour férié – hier, en somme – je scrolle sur instagram et deux secondes plus tard, je tombe sur une publication de Magnolia House. Pour ceux qui ne connaissent pas, c’est l’entreprise de Joanna et Chip Gaines qui, apparemment, pèsent plus de 9 millions de dollars chacun. Ils se sont diversifiés à l’extrême : construction, restauration, édition de livre, magazines, pâtisserie etc. Mon regard s’arrête sur la publicité de leur boutique illustrée par leurs magnifiques photographies de décoration d’intérieur. Je swipe de gauche à droite et je me dis Bingo ! Après 34 ans et 11 mois d’errance professionnelle, je sais ce que je veux : du beau, du luxe, du flouz à moins que ce soit réussir, être libre et pouvoir faire tout ce qui me passer par la tête. Où tout ça en même temps.

Ni une, ni deux, je me dis que je pourrais faire une formation en décoration d’intérieur ou architecture. Après tout, j’utilise l’application Design Home depuis 4 ans maintenant et je ne m’en lasse pas. Vu mon âge, la décoration serait peut-être plus réaliste.

Du coup, je me lève et décide d’écrire une lettre de motivation pour un poste de fonctionnaire que j’ai vu sur un site il y a deux jours. Sauf que je ne suis pas fonctionnaire, qu’on peut postuler jusqu’au 15 septembre et que la prise de poste est en novembre. C’est loin le 15 septembre, je suis quasi certaine que je vais postuler dans le vide. Une candidature noyée parmi un afflux de jeunes premiers au sortir de l’école. L’excitation de refaire mon cv pointe soudain. Devant l’ordinateur, je me demande à quoi ça sert de passer du temps sur une lettre de motivation qui ne va probablement servir à rien puisque ma candidature ne mènera à aucun entretien et encore moins à ce poste. Mais, on ne sait jamais. Est-ce qu’il fait bon travailler là-bas ? Est-ce que les gens sont sympathiques où est-ce que l’atmosphère y est délétère ? Est-ce que j’y gagnerais au change ? Bon, en même temps, pour l’instant je n’ai pas encore tapé un mot ; faut que je redescende sur terre et que je sorte ma tête du nuage d’anticipations qui s’est formé autour. J’opte pour la solution de facilité, je donne la description de l’offre à chat GPT en me disant qu’il pourra m’inspirer quelques formulations ou valoriser mes expériences avec plus de sincérité et de conviction que j’en aurais pour mon propre parcours, même s’il n’a aucune sincérité. Parlons d’objectivité, alors. Et pour être objectif, il l’est vraiment, c’est pour ça que ce n’est pas concluant. A la lecture de la phrase : « Mon parcours professionnel, jalonné de réussites et d’expériences variées, me confère une vision holistique du métier », je constate que l’essai n’est pas concluant puisque je n’ai jamais occupé un tel poste, même si je m’en sens capable, enfin, je crois. De fait, je laisse ça-là. A quoi bon ?

Sans grande conviction, je cherche donc des cours de décorations d’intérieur, en ligne, gratuits bien évidemment, histoire de voir ce qu’il y a dedans et tenter de savoir si je parviens à me projeter. A la lecture de « budget » et « client », mon intérêt décline subitement. Est-ce-que je veux gérer ça au quotidien ? En même temps, comment je peux faire mon beurre sans clients et sans budget ? A moins de déléguer et je ne vois pas bien à qui je peux déléguer, sans rémunération, à part à un stagiaire. Mais t’façon, je n’ai pas de société et j’y connais rien.

Est-ce qu’il y a ce type de formation sur openclassroom ? Je cherche des cours en accès libre sur la décoration et l’architecture, au cas où. Rien. Normal pour un site qui propose des cours de développement web, cybersécurité, traitement des données, design, systèmes et réseaux, entre autres. Tiens, le premier cours m’a l’air bien. A quoi ça ressemble les bases du langage Python ? Pas sûr que je puisse en faire mon métier, quoi que… Je clique.

Je m’arrête. Comment j’ai fait pour en arriver-là ? Je rembobine, puis j’écris. J’écris parce que le cheminement est logique et non linéaire. Et finalement, rien n’est linéaire dans mon parcours depuis le début même s’il n’est pas illogique, à la lumière de quelques bougies. A chaque nouveau métier, un engouement s’active en moi, une stimulation. De la curiosité, souvent furtive.

Parfois, j’ai l’impression que je peux tout faire… excepté un boulot en rapport avec les mathématiques quoi que, l’apprentissage m’a déjà fait mentir à ce sujet-là. Mais il y a trop de choses à savoir, je botte en touche. Et-là ben j’atterris, une fois de plus. Comme si je pouvais être tout à la fois et que je n’étais rien. Comme si la société me limitait, que je ne valais pas l’investissement où que finalement je ne correspondais à rien. Inadéquation au milieu professionnel. Où peut-être que c’est moi. Pourtant, je me sens capable de relever des défis quand mes batteries ne sont pas à plat. Est-ce que je cherche un travail ou un emploi ? Une entreprise, des conditions qui me permettraient de devenir un peu tout à la fois, en risquant le burn-out tout en le contournant. L’organisation ce n’est pas mon fort, parfois j’ai la caboche qui surchauffe et les priorités qui s’affolent. Faut me laisser du temps pour que la pression redescende. Je contrôle pas toujours la machine et souvent quelques neurones disjonctent en cours de route.

A chaque nouvelle piste que j’explore je suis stimulée puis la seconde d’après, mon attention est captée par un autre espoir de devenir. Je saute d’une éventualité à l’autre, inlassablement, sans les avoir réellement explorées, sans pouvoir me décider à aller dans une direction. Pourtant, je l’ai fait ce bilan de compétences. J’en ai une de direction. Mais est-ce vraiment celle que je veux prendre ? J’ai du mal à voir le chemin se dessiner. J’ai à moitié commencé mais je ne me suis pas lancée. Je ne sais pas si c’est la peur de réussir ou d’échouer, si c’est juste une autre lubie, et dans ce cas, pourquoi y mettre le peu d’énergie qu’il me reste au quotidien ? Je suis déjà épuisée à l’idée.

Je ferme mes onglets de recherche, la motivation m’a quitté. J’arrête d’écrire…

Et si je vendais des dessins où que j’allais jouer à Harry Potter ? J’ai pas envie de laver mes cheveux mais je pourrais faire du tri. Je vais regarder le ciel en me balançant sur mon siège. J’ai envie de manger. J’ai pas faim. Est-ce que quelqu’un a déjà essayé d’écrire un texte sans « et » ?

Bon ben, au moins, j’ai écris un texte pour le blog. Pas sûr que ça serve. Mais on ne sait jamais. Quelqu’un pourrait se reconnaître ou m’y reconnaître.

4 Comments

  • Karine

    On en est toutes, tous là, noyé par un quotidien « sociétalememt » étriqué ne laissant que très peu de vraies libertés, de vraies ambitions (réalisables)… Triste constat, surtout lorsque la matière grise fonctionne, carbure…(petit commentaire certes, mais sans « et » 😂)

    • Elodie

      Petit commentaire mais commentaire efficace ! Je parlais avec une amie hier, de ça, entre autres. Et c’est vrai que la société nous limite et parfois on crée une cage dans la cage, nous limitant encore plus. Je pense être un peu de ces gens. Pas toujours aisé de scier les barreaux.

  • Alain Renaud

    Je pense que tu pourrais …..
    Peindre comme tu sais si bien le faire un livre reflétant tes pensées, sur une toile, tout en virevoltant autour de cette scène.

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