Noémie : « Je ne veux pas avoir de regrets »
Ponctuellement, nous mettons en lumière des femmes inspirantes à travers notre série de portraits « Des Femmes Comme Nous ». Elles partagent leurs forces, leurs vulnérabilités, leurs questionnements, leurs difficultés et leurs réussites. Préparez-vous à des échanges émouvants, apaisants et motivants !
Je m’appelle Noémie, j’ai 36 ans. Je ne sais même pas par où commencer, je ne me suis jamais vraiment présentée. Enfin, si, mais généralement je ne donne pas mon âge, je préfère laisser planer le mystère ! (rires).
Je suis éducatrice à Montréal, au Québec, pour les enfants qui ont entre 6 mois et 5 ans. Je travaille pour une agence qui m’envoie dans différents CPE (Centre de la Petite Enfance) et depuis quelques temps j’ai décidé de m’occuper d’enfants plus autonomes. Fini les couches, je ne veux plus de couches ! (rires).
Je suis arrivée dans ce secteur un peu par hasard, après un stage chez une ancienne chanteuse handicapée à 90%, obèse et partiellement aveugle. À la fin du stage, elle m’a proposé de travailler pour elle et m’a recommandé auprès d’une agence pour que je puisse mettre assez d’argent de côté pour partir au Canada. C’est comme ça que je me suis retrouvée à travailler avec des enfants en parallèle de mon emploi chez elle. A son décès, j’ai continué avec l’agence jusqu’à un matin ou je me suis réveillée avec l’envie d’apprendre l’anglais. J’ai atterri à Londres en tant que Nanny. Je travaillais à domicile pour des familles qui avaient du mal à instaurer une discipline : j’avais à la fois un rôle parental et d’éducatrice.
01| Je veux utiliser mon temps au maximum
Dans la vie, je ne veux pas avoir de regrets. Je veux pouvoir faire tout ce que j’ai envie de faire, même si je ne vais pas au bout : apprendre, tester, découvrir le plus de choses possible. Ça peut-être des activités, des projets, des études où des formations. Je veux profiter un maximum de la vie et m’améliorer en tant que personne. Il y a tellement de choses à faire !
Je suis une ex-bordélique devenue minimaliste
Je suis une ex-bordélique. Un jour, j’ai réalisé que j’étais mal organisée et que je n’arrivais pas à faire beaucoup de choses contrairement à ma soeur qui est organisée. Si je n’ai pas de ménage à faire, ça me laisse plus de temps pour le plaisir. Pour ne pas avoir de ménage, il faut que je sois plus ordonnée et c’est plus facile lorsqu’on a peu de choses chez soi. J’ai donc décidé de faire un « gros ménage” : ranger, donner, vendre. Je le fais encore régulièrement.
Je suis devenue minimaliste.
Avant, je ne finissais pas ce que je commençais car j’ai dû mal à rester concentré longtemps. Trente minutes, c’est le maximum, après j’ai envie de faire autre chose. C’est le temps que j’accorde à chaque activité pour ne pas être saoulée et tenir sur le long terme. Je ne peux pas voir de résultats satisfaisants si je ne vais pas au bout des choses. Je fonctionne aussi par priorités, par exemple je mange devant la télé pour rentabiliser mon temps. Puis je note tout ce que je dois faire chaque jour. Je ne veux rien louper, me connaissant, si je loupe une activité une fois, puis deux fois, puis trois fois… Ma routine est bien précise, si on vient la perturber, c’est la catastrophe ! Du coup, c’est tetris. Je veux faire tellement de choses, qu’à chaque fois je me demande comment je vais faire.
Payer des cours me pousse à être plus assidue.
Je suis devenue plus productive
Lorsque je suis fatiguée, c’est de la bonne fatigue car j’ai été productive. En même temps, je me couche tôt, vers 20h45 ou 21h je suis au lit, je lis et à 21h30 je dors. J’ai cette routine depuis près de 10 ans, j’ai commencé à Londres et avec le temps, elle s’est améliorée. Depuis que je fais ça, je me sens mieux. Je suis satisfaite lorsque je vois tout ce que j’ai accompli. Je ne veux pas avoir de regrets, donc je m’efforce d’être productive et organisée. Parfois, il m’arrive de ne pas avoir envie de faire quelque chose ou de ne pas pouvoir alors j’essaie de me rattraper la fois d’après. Par exemple, hier on est parti manger au resto à 20h15, je n’avais pas le temps de faire mes étirements avant, alors je me suis étirée à 1h du matin… J’aurais pu ne pas le faire, c’est vrai que des fois je suis un peu dans les extrêmes (rires).
Je veux profiter un maximum de ma journée.
J’ai mis en place une routine bien précise
J’ai remarqué que j’avais plus de temps libre alors j’ai rajouté des choses à mon planning quotidien. J’ai commencé à faire mes repas pour la semaine : un gain de temps fou ! Bon, je me suis un peu calmée maintenant mais j’ai toujours un truc au congélateur au cas ou j’ai un moment de flemme.
Lorsque je travaille, je me réveille vers 5h, je lis un chapitre, je fais mes prières, je m’étire, je vais me balader puis je vais au gym. Si je commence entre 7h et 9h, je vais au gym le midi. En général, je finis entre 15h et 16h30 max. Mon métier me permet une grande flexibilité. En rentrant du boulot, soit je vais au gym soit je fais mes étirements. Ensuite, je commence la guitare, je fais mes exercices de français ou j »étudie. Parfois, je finis par ma petite balade du soir.
Lorsque je ne travaille pas, je me permets de dormir jusqu’à 5h30 ou 6h ; après 8h, j’ai l’impression d’avoir perdu beaucoup trop de temps. Quand je me lève, je m’étire, je vais marcher puis au gym. A 9h, je vais chez le coiffeur et j’y reste une bonne partie de la matinée. L’après-midi, je déjeune avec une copine, fais mes courses, de la guitare puis je passe du temps avec une autre copine. Quand je rentre, je m’étire, je vois si j’ai envie d’apprendre ou pas. Et en dinant, je me mets devant un documentaire, sauf si on me propose une soirée… ça casse un peu ma routine mais il faut quand même avoir des interactions sociales ! (rires).
J’essaie de caser mon mari dans mon emploi du temps
Avec mon mari, on a nôtre façon de fonctionner. On sort du boulot, chacun à son moment de détente puis après on fait à manger, on dîne et on regarde un documentaire, un film ou une série ensemble. Attends, je réfléchis, je crois que ça donne l’impression qu’on ne passe pas beaucoup de temps ensemble mais on passe du temps ensemble… ! Je fronçe les sourcils là. Ah ! On se voit le matin (ça dépend de mon emploi du temps…). On va à la salle de sport aussi, on va faire une petite balade, je l’accompagne avec ses enfants. Parfois, on prévoit à l’avance des soirées. Disons qu’on passe du temps ensemble et qu’on se laisse du temps aussi. C’est bien parce qu’on a plein de choses à se raconter. Par contre, si on papote je me couche tard… Mais on se rattrape le week-end, je suis plus flexible même si j’ai plus ou moins la même routine… Le week-end, c’est aussi le moment où je consacre du temps à mes amis d’ailleurs. Je vais lui demander s’il trouve qu’on passe assez de temps ensemble. Je vais le caser dans mon emploi du temps (rires).
02| J’ose vivre pour moi, avant tout
Je suis partie à l’aventure
Lorsque je suis partie au le Canada, dans le cadre du Permis Vacances-Travail (PVT), j’ai tout laissé derrière moi : mon emploi, mes amis et ma famille. Au fond de moi, je savais que ça ne serait pas que pour deux ans. Je n’étais jamais partie aussi loin de ma famille, sauf pour les vacances. Ça m’a fait de la peine car je savais que mon père et ma soeur allaient être tristes mais je ne veux pas avoir de regrets.
Il faut vivre sa vie
Si on fait en fonction de ses proches, on loupe des trucs. Je fais des allers-retours plusieurs fois par an et j’appelle souvent. Dès que je sens qu’ils en ont besoin, je saute dans l’avion : la famille c’est précieux, peu importe la distance. Bon faut pas qu’ils dépriment chaque semaine non plus (rires) mais je suis là quoi !
Je savais que partir serait enrichissant. J’avais envie d’aventure.
Je ne fais plus en fonction des autres
J’ai un regret, c’est d’avoir longtemps fait en fonction des autres. J’accordais beaucoup d’importance à ce qu’on pouvait me dire et ça impactait mes choix et mes décisions.
Si je devais rencontrer l’adolescente que j’étais, aujourd’hui, je lui dirais d’oser : oser dire non, oser faire et s’affirmer plus.
Heureusement que je n’ai pas écouté certaines personnes sinon je ne serais pas partie au Canada. On m’a aussi dit de ne pas commencer le violon car je faisais déjà de la guitare, que ça pouvait me perturber. Je me suis dis que cette personne n’arrivait peut-être pas à gérer les deux en même temps mais que moi je pourrais, ou pas, enfin on verra, j’essaie. Il faut accepter l’avis des autres mais il faut aussi savoir filtrer, s’écouter et se lancer.
Aujourd’hui, je suis fière de la façon dont mon père m’a élevé parce que je n’accepte pas n’importe quoi, je ne me laisse pas faire et je n’ai pas peur de dire non. J’ai pris cette décision en 2021, c’était l’année de mon mariage. J’avais de nombreuses interrogations sur la vie. J’écoutais les membres de ma famille et je me suis dit que je voulais faire les choses à ma façon.
Je trouve ça tellement dur de vivre sur des regrets, je ne veux pas ça pour moi.
J’ai déjà réalisé plusieurs de mes rêves
Lors d’un épisode du club Dorothée, j’ai vu Dorothée assise sur la mer morte en train de lire un journal : elle flottait. Je m’étais dit : « Un jour, ça sera moi ! ». Une fois adulte, je suis partie en Israël et je l’ai fait.
Une autre fois, j’ai eu envie de partir en Chine et c’est ce que je fais. A l’époque, les gens de ma génération avait souvent en envie de partir dans les Caraïbes ou en Amérique. Alors, je me suis dit : « Pourquoi pas la Chine ? » Puis après, je me suis dit : « Pourquoi pas la Corée (…) le Japon !? » (rires). Regarder un documentaire m’inspire pour un prochain voyage.
03| Je veux sans cesse m’améliorer
La foi est un des piliers de ma vie
Depuis petite, la foi est importante pour moi car c’est comme ça que j’ai été élevée. Puis je me suis questionnée pour que ça vienne de moi et pas de mon père. Finalement, avec le temps je me suis dit que c’était important de prier et faire confiance à Dieu.
Lorsque je vivais à Londres, je n’ai plus travaillé pendant plusieurs mois. Je cherchais du boulot et je n’arrivais pas à en trouver. Les premiers mois, je me suis dit que ça allait puis j’ai commencé à paniquer car mes économies étaient en train de fondre comme du beurre. Je vivais en colocation et un jour mon propriétaire m’a demandé si mes recherches avançaient. Je lui ai dit : « Ah, je ne t’ai pas dit ! En janvier je commence mon nouveau boulot », alors que je n’avais rien. Je suis montée dans ma chambre et j’ai prié Dieu : « J’ai dit à Andy que je dois bosser en janvier, alors en janvier, je bosse ! » J’avais des retards de loyer. Je savais que j’allais en trouver un mais quand ? En plus, mon anglais n’était pas top ; il n’y avait pas d’anglais d’ailleurs…
A cette période-là, j’avais l’impression que Dieu testait ma foi. J’avais tellement confiance en lui que j’ai arrêté de chercher du boulot et que je ne faisais que prier.
Finalement, le 2 janvier, une famille avec qui je discutais auparavant m’a contacté. Je n’avais plus de nouvelles d’eux car mes mails arrivaient dans leurs spams… Le contrat de travail prévoyait un téléphone alors que je n’en avais plus. Au même moment, j’ai reçu un message de l’état qui devait me verser une aide à laquelle j’avais droit suite à un problème informatique : c’était le montant des loyers que je devais. Tout s’est résolu au même moment.
La lecture me fait voir les choses autrement
J’ai besoin de réfléchir sur ma vie, c’est ce que me permet la lecture : ça me fait voir les choses autrement. Certains livres m’ont particulièrement marqués.
Robe de mariée de Pierre Lemaitre. Ce livre m’a tenu en haleine jusqu’au bout car il est fort en rebondissements.
L’art de parler en public de Rémi Raher. En lisant ce livre, je me demandais ce que j’aurais fait dans certaines situations tout en essayant d’être le plus honnête possible. Grâce à ce livre que je me suis inscrite à des cours d’improvisation.
Mon bel orangé de José Mauro de Vasconcelos. Ca m’a rappelé un peu ma vie et m’a fait réfléchir.
Attends, trois ce n’est pas assez !
Miracle morning de Hal Erold a été mon premier livre de développement personnel. J’avais l’impression qu’il était en train de décrire ma vie parce que c’est déjà ce que je faisais. Du coup, je me suis dit que je faisais les choses bien ! (rires).
Brûlé vif d’Arnaud Maïsetti. C’est l’histoire vraie d’une fille brûlée par sa famille. Quand je compare ma vie à la sienne, je me dis que j’ai de la chance. Ca me permet de relativiser.
Certaines personnes m’inspirent
Je n’admire personne. Admirer, pour moi, est un grand mot. Par contre, il y a des personnes qui m’inspirent :
Mon père, même si ça fait un peu cliché. Je me suis inspirée de ses erreurs pour ne pas faire la même chose. J’essaie de travailler sur certains traits de caractères ou certains points, par exemple le pardon. Pas celui qui te donne envie de décocher une flèche en pleine tête lorsque tu vois la personne en question. Le vrai pardon. Celui qui fait que je ne ressens plus rien lorsque je vois cette personne. Je me suis largement inspirée de la vie de mon père pour faire mes choix et avancer.
Pour pardonner rapidement, il y a une technique. Il faut régler le problème tout de suite. Plus le temps passe, plus le problème prend racine et plus c’est dur de les enlever.
Certaines familles pour lesquelles j’ai travaillé m’ont permis de voir la vie différemment. Certains arrivent à tout gérer : carrière, enfants, couple maison. Ils sont inspirants quand ils s’en sortent bien.
Comme je ne veux pas avoir de regrets, j’essaie de vivre dans le moment présent. Aujourd’hui n’existera plus, alors il faut en profiter. Quand on a envie de faire un quelque chose, il ne faut pas trop réfléchir, il faut se lancer. Il faut s’avoir s’écouter, raisonnablement (rires), un peu de jugeote quand même !
Crédit photo : Jeff Trierweiler
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