L’essentiel, et rien d’autre de Fumio Sasaki
Dimanche, on est passé chez Mollat dans le centre de Bordeaux ; c’est la plus grand librairie indépendance française. Lorsqu’on y va, il y a 80% de chances que je reparte avec un nouvel ouvrage : ça n’a pas loupé. Du coup, j’ai acheté le livre de Fumio Sasaki : « L’essentiel, et rien d’autre », sur le minimalisme à la japonaise, un best-seller international. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard, ça fait quelques années que je désencombre mon intérieur et que j’essaie de simplifier mon quotidien. Bizarrement, il y a toujours autant de choses.
Je fonctionne à l’humeur pour la plupart des activités que je fais et j’étais dans un bon jour. Quand je l’ai feuilleté, un passage a immédiatement capté mon attention : c’est comme s’il parlait de moi.
« La pièce était emplie d’objets qui témoignaient d’anciens passe-temps rapidement abandonnés ou de projets jamais réalisés. (…) Ayant perdu tout intérêt pour ces activités, je n’avais rien envie de faire à la maison. (…) Et pendant ce temps, je continuais de me comparer aux autres… »
Fumio Sasaki
Je voulais savoir ce que le minimalisme lui avait apporté et surtout s’il allait me révéler un secret bien gardé pour avancer dans ma vie, alors je l’ai dévoré. J’avoue, je suis parfois crédule. Dès les premières pages, j’ai eu envie de tout foutre par la fenêtre. Je ne sais pas si c’est une bonne chose, mais son livre m’a motivé ! Je vous partage ici quelques trouvailles intéressantes.
Ce qu’est un minimaliste selon Fumio Sasaki
Êtes-vous capable de compter le nombre de choses que vous possédez, si vous regardez autour de vous ? Pour la plupart des gens c’est impossible, pour Fumio Sasaki ça l’est.
Fumio Sasaki a travaillé pendant 12 ans dans une maison d’édition tokyoïte. Il a longtemps accumulé les objets pensant que ça le rendrait heureux et intéressant. En se comparant à ceux qui avaient plus, il se sentait inférieur et malheureux. Il est devenu minimaliste en réaction à tout ce qu’il possédait, ayant l’impression d’avoir perdu le contrôle.
Aujourd’hui, il vit dans un appartement d’une vingtaine de mètres carrés, possède 150 objets et peut déménager en 30 minutes.
Fumio ne donne pas une définition exhaustive du minimalisme.
Toutefois, il considère qu’une personne minimaliste réduit le nombre de ses biens matériels pour conserver l’essentiel, distingue ses besoins et ses désirs pour se séparer de l’inutile puis éprouve de la gratitude face à ce qui lui est précieux.
Ceux qui font de « bons minimalistes » seraient bordéliques, comme lui, car ils n’aiment pas ranger et ont du mal à prendre soin de leurs affaires. Ca simplifierait leur quotidien. A part l’anonymat, rien ne lui manque de son ancienne vie car ce qu’il a gagné est tellement plus important.
Découvrez la routine de Noémie, une ex bordélique qui optimise son temps pour ne pas avoir de regrets.
Après avoir vu un reportage sur lui, je peux vous dire qu’il vit dans un petit appartement spacieux, lumineux et vide. Lorsqu’on se dépouille d’autant de choses, il ne faut pas avoir peur de la solitude. J’imagine qu’il a une vie intérieure riche, des liens de qualités et de nombreux projets. Je me vois déjà à sa place : couchée sur mon lit, léthargique, à regarder le plafond blanc, de ma chambre blanche. Vide intérieur. Ennui suprême. Déprime extrême.
Pourquoi le minimalisme est devenu tendance ?
Selon Fumio Sasaki le minimalisme est un mode de vie. Il fait partie intégrante de la tradition japonaise et certaines idées seraient devenues tendance autour des années 2009 – 2010 dans la société japonaise :
- Dan-Sha-Ri, l’art de désencombrer,
- La « vie simple »,
- Travailler et penser comme un nomade.
Un véritablement engouement est né pour le minimalisme. Premièrement car nous recherchons un apaisement. Saturés d’objets et d’informations non nécessaires nous nous tournons généralement vers des loisirs qui nous abrutissent. Par exemple, la guitalélé qu’on m’a donné il y a 10 ans, qui a servi 5 fois en tout, à la même époque, et que je garde au cas où je décide de m’y remettre… ne me servira jamais. Or, il suffit de se séparer de ce qui est inutile pour y voir plus clair. Ca passe par le désencombrement d’objets matériels et par la sélection des informations qui nous parviennent pour diminuer l’anxiété. On se rend ainsi disponible pour ce qui est essentiel.
D’autre part, on s’habitue à avoir des objets optimisés grâce à la technologie. Un téléphone fait office d’appareil photo, de télévision, de lecteur audio, il est donc plus facile de réduire la masse de choses que nous possédons. D’autant plus qu’on peut y stocker de nombreuses données (photos, papiers divers). C’est là qu’on rentre dans le dur, il évoque notament les souvenirs qu’il numérise et qu’il va ensuite supprimer. Je n’adhère pas à cette partie. Il est vrai que ça peut nous empêcher d’avancer mais ça permet également de voir le chemin parcouru.
Enfin, nous devons repenser nos modes de vie face au réchauffement climatique et l’intensification des catastrophes naturelles. Limiter nos objets afin qu’ils ne deviennent pas dangereux et que nous puissions partir rapidement en cas de besoin.
« Il y a du bonheur à avoir peu » Fumio Sasaki
Dans son livre « L’essentiel, et rien d’autre », il explique qu’on amasse des objets car la nouveauté stimule. On valorise notre image à travers nos possessions. On pense être heureux en obtenant ce qu’on désire mais on se lasse. On veut plus et mieux alors les anciens objets deviennent inutiles. Mais la satisfaction temporaire nous pousse à continuer jusqu’au jour où les objets possèdent notre temps, notre espace et notre esprit.
Réduire ses biens au strict nécessaire permet de découvrir ce qui est vraiment important pour soi. Les minimalistes ne possèdent rien qu’ils puissent craindre de perdre. C’est ce qui leur donne l’optimisme et le courage de prendre des risques.
Fumio Sasaki
Le minimalisme n’est pas une fin en soin mais un outil, et même si je ne me vois pas vivre chez Fumio Sasaki, cette partie là m’intéresse grandement ! Voici un aperçu de ce que lui a apporté le processus de minimisation.
Quand on a peu d’objets, on gagne du temps, de l’espace et de l’énergie. Nettoyer, déplacer, ranger est un lointain souvenir. Visuellement et mentalement moins distraits on prend plaisir à vivre dans un endroit organisé et épuré : on se détend. Satisfait et confiant, l’énergie circule mieux : on est disposé à passer à l’action pour utiliser notre temps à meilleur escient. Cercle vertueux.
Libre et léger, on profite davantage de la vie. L’achat étant plus réfléchit, on économise. Contenté par ce qu’on possède on se détache alors du matériel et du regard des autres afin de profiter davantage de la vie à travers des expériences qui apportent une satisfaction durable. Ancré dans l’instant présent et connecté à nous-même, on est plus à même de ressentir le bonheur.
Ca fait rêver hein ? A vos placards !
Minimiser pour transformer son intérieur
Nombreux sont ceux qui veulent tenter l’expérience, pas sûr qu’ils soient autant à adopter ce mode de vie mais peut-être que certains se sentiront plus léger après avoir fait du tri. Savoir pourquoi on veut devenir minimaliste permet de donner du sens à cette démarche et en faire un nouveau mode de vie. Ce que j’avais hâte de découvrir c’est ce que ça a changé en lui, et je n’ai pas été déçue. J’ai encore des sacs d’objets à donner qui traînent dans le salon.
Fumio Sasaki a vécu ce processus de minimisation comme une véritable thérapie. D’ailleurs si vous souhaitez vous lancer dans l’aventure du désencombrement, il répertorie « 55 conseils pour aider à dire adieu à vos affaires ». Si j’étais déjà adepte du désencombrement auparavant, son livre m’amène à réfléchir. On vit dans une société où notre temps et notre attention sont accaparés par des objets de consommations, de l’information inutile et souvent anxiogène. Faisons-nous vraiment bon usage de notre temps ?
Crédit Photo : Mathieu Perrier
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