Frédérique : j’aspire à mieux me connaître
Ponctuellement, nous mettons en lumière des femmes inspirantes à travers notre série de portraits « Des Femmes Comme Nous ». Elles partagent leurs forces, leurs vulnérabilités, leurs questionnements, leurs difficultés et leurs réussites. Préparez-vous à des échanges émouvants, apaisants et motivants !
Je m’appelle Frédérique*, j’ai 50 ans, je suis enseignante et j’ai deux enfants. J’ai des amis auxquels je tiens beaucoup. J’aime le sport et j’aime beaucoup lire. Et je fais de la moto, de temps en temps, quand elle fonctionne.
01| Je suis en quête d’équilibre et d’apaisement
Je cherche à être le mieux possible dans ma vie, avec moi-même. J’aspire à mieux me connaître et me comprendre, à atteindre un calme, un apaisement, un équilibre. J’aimerai parvenir à un certain détachement pour me détacher des opinions extérieures. Ne rien prendre personnellement pour ne pas être déstabilisée et mieux appréhender mes relations avec les autres.
02| Je viens de comprendre pourquoi je suis devenue professeur
Devenir professeur, c’est quelque chose qui était là depuis petite. Peut-être pas un rêve mais un genre de destin. Ma voie était comme inconsciemment tracée même si j’ai repassé mon CAPES et que je n’ai pas été admise à l’agrégation, alors que j’étais admissible. Malgré cela, je ne me suis jamais posée de questions à ce sujet. J’ai d’ailleurs compris récemment pourquoi je suis devenue professeur.
Petite, je n’arrivais pas à accéder au sens de certaines disciplines. Je trouvais ça frustrant. Ça me renvoyait une image dégradée de moi, je me sentais incapable.
Je pense que j’ai voulu me lancer là-dedans pour donner du sens aux enfants qui ne comprennent pas, leur montrer qu’ils peuvent y arriver, qu’ils ne sont pas bêtes.
Frédérique
Faire preuve de bienveillance, de patience, sans pour autant se laisser marcher sur les pieds. Il y a le revers de la médaille à ce métier bien sûr, j’ai du mal à gérer mon stress quand il y a des inspections et j’ai eu quelques frictions, classique avec des élèves. Mais j’adore mon travail car les élèves sont attachants et drôles. Rien n’est jamais acquis. Je leur apprends des choses et ils m’en apprennent aussi.
Parfois, je me dis que le décalage d’âge entre les élèves et moi va peser davantage avec le temps qui passe car je vieillis, alors que mon public ne vieillit pas, il a toujours entre 15 et 18 ans : décalage de génération. Est-ce que je vais être à côté de la plaque, ringarde, encore pertinente ? Est-ce que je vais faire l’objet de moqueries en tant que « vieille prof », comme on pouvait le penser de nos professeurs à l’époque… ?
03| Être maman a modifié le rapport que j’ai avec moi-même
La meilleure décision que j’ai prise est celle d’avoir eu des enfants. Ça te fait grandir, ça te fait évoluer en tant que personne. Tu crées des relations fortes avec eux et moi je suis beaucoup dans le lien. Ça a changé la façon dont je vois le lien et mon boulot a aussi poussé dans le même sens. Le fait d’être maman a modifié le rapport que j’ai avec moi-même et avec mon boulot ; les enfants, ce n’est plus du théorique. Ça permet de te décentrer, de prendre sur toi, d’être plus responsable. Tu es obligé de t’améliorer toi-même sinon tu fais de la merde.
Quand ils sont petits, tu ne vis plus pour toi mais pour eux. A un moment, je n’existais plus. Puis après, la vie reprend le dessus, sauf pour certaines personnes qui n’en ont pas envie ou n’y arrivent pas. Au fur et à mesure qu’ils grandissent, on se retrouve. On se retrouve différemment, on se redécouvre. Avec d’autres qualités, de la maturité, des envies qui ne sont plus les mêmes. Forcément en positif.
Il y a des moments pivots dans la vie, pour moi, ce fut le 2ème divorce. Ce fut extrêmement compliqué car après cette séparation, j’étais dans une véritable galère financière. D’un autre côté, ça m’a apporté un apaisement. Ça m’a permis de me recentrer et d’avoir une vie à moi. Aujourd’hui, je vis principalement pour moi, ou moitié-moitié pour moi, quand je suis avec les enfants.
Je n’ai pas de regrets. Ce qui est passé est passé, je ne peux rien y changer.
Frédérique
Si j’ai un remord, c’est celui d’avoir causé de la peine aux enfants à cause du divorce. C’est une décision difficile à prendre et qui a des conséquences. Est-ce que tu te sacrifies ou pas ? Je me suis dit qu’ils allaient partir vivre leur vie, qu’elle était devant eux, alors que si je restais, je ne vivrais rien de la mienne. J’aurais perdu du temps, je n’en aurais pas fait ce que je veux, moi.
04| Réaliser mon rêve : obtenir le permis moto, malgré les obstacles
J’ai réalisé un rêve que j’avais mis de côté pendant très longtemps : passer le permis moto. Ça m’a toujours fait fantasmer. Il y a quelque chose de mystérieux à savoir qui se trouve sous le casque. Maintenant, je fais partie de cet univers qui me fascine, et peut-être qu’on se pose la même question sur moi. A moins qu’ils se disent : “ arggg… encore un motard ! ”. C’est une des choses qui m’a le plus fait envie et c’est aussi ce que j’ai eu le plus de mal à avoir. Ce qui en fait une des expériences les plus marquantes de ma vie. C’est égoïste, mais pour une fois, je n’ai pensé qu’à moi, ça ne contente que moi. Alors que c’est tout le contraire lorsque tu as un rôle de maman et de prof où tu donnes beaucoup.
L’obtenir n’a pas été facile. Je l’ai eu au 5ème passage. Je savais tout faire sauf gérer mon stress. C’était un investissement financier, il fallait reprendre des séances entre les passages de plateau. Ça m’a coûté. Abandonner aurait été horrible pour mon estime de moi-même. Alors, pour la dernière tentative j’ai demandé de l’aide, j’ai fait une séance d’hypnose afin de mieux gérer mon stress. Mon compagnon du moment m’a soutenu, c’était très important, aussi.
Ça a été une belle victoire sur moi-même. Je me suis prouvée que j’étais capable de réussir quelque chose qui me posait problème et j’en suis fière. Heureusement que je n’ai pas abandonné.
Frédérique
05| En couple, j’ai besoin de me sentir libre
Sentimentalement, ça a toujours été tumultueux parce que je veux souvent des choses contradictoires. Je veux tout. Quand tu renonces tu le fais contraint et forcé. Et pourtant, il faut parfois faire des compromis et sacrifices. Mettre en place des priorités, faire des choix et c’est problématique, pour moi : tu te fermes des possibilités et moi.
J’ai besoin que tout soit possible sinon, je me sens enfermée, prisonnière. C’est pour ça que dans les relations de couple, je me sens parfois mal. C’est comme si tout était tracé. Comme si j’étais morte.
Frédérique
Avec les années, j’ai pris du recul. Je veux quelque chose de sain pour moi. En fait, ce qui me fait envie, c’est, comme dans les films, regarder quelqu’un dans les yeux pendant 10 secondes. Ça me va. Ensuite, je reprends ma liberté. Maintenant, que j’y ai goûté, je n’ai plus envie de faire avec les contingences de quelqu’un d’autre. Peut-être que ce qui me conviendrait, c’est être avec quelqu’un mais chacun chez soi. Ne profiter que des bons moments. Vivre au mieux tout en trouvant un équilibre entre ma vie de maman et ma vie de femme.
Ce qui me plairait, c’est d’avoir plusieurs vies en parallèle et pouvoir me réaliser dans chacune d’elles. Expérimenter. J’aurais aimé savoir ce qu’aurait été ma vie si j’avais fait d’autres choix, professionnels ou personnels. Dans ma vie 2, j’aurais été architecte, pas d’enfant, un autre type d’homme. Dans ma vie 3, j’aurais été styliste, d’autres enfants, un autre compagnon. Tu mets des paramètres et tu vois ce qui se passe. Sauf qu’on ne le saura jamais et c’est super frustrant.
*Le prénom a été modifié pour garantir l’anonymat.
Pour aller plus loin, vous pouvez consulter cet article du Centre d’Etudes de l’Auto connaissance (C.E.A.) sur la psychologie de l’auto-connaissance.
Reçois dans ta boîte mail
Les Prochains Articles Inspirants !